vendredi 26 octobre 2012

Rencontre avec l'asphalte: "Voiture 1 - 0 Vélo"


C’était un matin comme ils se ressemblent tous pour moi depuis le début du mois de septembre.
Mon sac est déjà prêt, je n’ai qu’à avaler les œufs et céréales me faisant office de petit déjeuner, avant d’enfourcher mon fidèle destrier, fait de pignons et d’acier. Un petit coup d’œil à ma montre, deux petits clacs à mes pieds, et me voilà en route pour le premier cours de la journée.
Comme la saison le veut, à 7h30 du matin, il fait encore nuit noir. Lampe avant, arrière et gilet jaunes seront donc mes alliés face à l’hostilité.
Il fait frais, le vent ne m’en veut pas trop aujourd’hui, et de toute façon, il ne sera pas mon ennemi cette fois ci.

A vrai dire, je n’ai jamais redouté les éléments, ni même la vitesse, la faune ou encore la topographie. En revanche, je redoute l’animal le plus dangereux de nos voie, celui capable d’écrasé une voix ; caché derrière son instrument de contrôle, prédateur de ses deux grands yeux blancs avant, il se sent puissant, surélevé par ses quatre pattes de forme circulaire. Absorbé par la puissance que l’instrument lui confère, il en oubli ses congénères cyclopèdes : je parle bien entendu de l’automobiliste !  

Le cas est classique, la piste cyclable se situant souvent à droite de la chaussée, le futur coupable ne se doute pas que dans son angle mort, se cache le cycliste que je suis. D’autant plus que le conducteur de l’arme à quatre roues n’est probablement pas habitué à ce qu’un cycliste le double à 38km/h… Cette vitesse restera celle d’impact, je n’ai pas eu le temps de prendre les freins… Souhaitant tourné à droite, et me trouvant exactement dans son angle mort sur cette même droite, l’automobiliste ne m’aura vu qu’au moment ou j’aurais joué à superman devant son pare brise…
4 mètres, ce sera la distance entre le décollage et l’atterrissage, mon seul regret et de n’avoir pu en profiter plus longtemps !

Si j’ai pu apprécier le décollage, je n’ai en revanche pas pu applaudir le pilote pour l’atterrissage, qui à mon goût, était un peu trop mouvementé. La réception ne se fit pas sur les deux roues, mais plutôt sur l’épaule, coude et hanche droite pour finir sur l’os pariétal du crane (sans traumatisme bien heureusement). Ce n’est malheureusement (ou heureusement) pas mon premier accident, ce qui m’a permis de me rappeler qu’il ne faut pas bouger d’un pouce. Bien que ma chute n’aie pas rencontré d’autres obstacles que le sol, j’ai du mal à ressentir mes bras, j’ai peur qu’ils soient cassés, l’onde de choc ayant résonné à l’intérieur de ces deux ci. Le responsable souhaitant s’approcher de moi, s’y reprendra à deux fois avant de pouvoir m’approché. En effet, la peur de me blesser profondément (ce qui neutraliserait mon année d’étude), me fera pousser un long cri spartiate, qui le fera reculer, mais aura pour effet secondaire d’ameuter les personnes avoisinantes.

Par chance, ce son aura atteint les oreilles d’une secouriste, qui a bien entendu tout de suite su faire les bons gestes, dans l’attente des secours. 
La suite, vous la connaissez surement déjà, elle s’écrit avec des rimes comme ambulance, urgence, patience, science… Pourvu que cela ne termine pas par condoléances.

Verdict, plus de peur que de mal, des contusions sur le coté droit, des micros déplacements dans le rachis lombaire et cervicale, quelques écorchures et quelques heures à regarder le plafond de l’hôpital.

Alors que tirer de cette expérience ?

Sur le plan social, partager la route entre ses différents usagers à toujours été un dilemme. Pourtant j’ai connu un pays où piste cyclable et voie routière sont deux choses bien différentes…
Partager la route, c’est aussi partager des risques, et il faut y être prêt à chaque instant.

Sur le plan personnel, cela ne me décourage en rien d’effectuer mon tour du monde, au contraire.
J’y trouve là une force supplémentaire, puisque j’ai survécu à l’attaque d’un dinosaure de 1.3 tonnes, même si il ne s’agit là en fait, que d’une pâle péripétie face à l’étendue de celles qui m’attendent pour le temps et l'espace qu'il me reste à parcourir.


PS: coté matériel, le vélo n'est plus vraiment exploitable, quant à la voiture.... Laissez libre cours à votre imagination !