24 août
2013, ma 2ème participation aux 24H vélo en solo sur le circuit
mythique du Mans : « le Bugatti »
L’an passé,
j’étais trop impatient, trop fougueux… Après un excellent 1er tour
de cadran, je voyais le temps s’allonger, tour après tour jusqu’à l’arrivée.
Mais aucune embuche pour moi sur l’édition 2012…. Mais l’édition 2013 en a décidé autrement :
14H: Début
de la mise en grille, tour de mise en place, hymnes, présentation et procédure
de départ : type 24H du Mans, of course !
15H :
Le coup de feu est donné, les premiers coups de pédales aussi. Le départ est
toujours autant impressionnant vue de l’intérieur, 450 vélos qui partent
simultanément à l’assaut de la piste, n’a rien de banal.
Un peu comme
l’an passé, je me fais avoir et emporté par le rythme de bons pelotons, mais je
me prends au jeu !
Mon objectif
cette année est de 600km, ce qui m’impose une vitesse moyenne générale de
25km/h pause comprises. Reste à savoir comment les organiser :
Je pense
qu’un arrêt toutes les 2H, me permet de ravitailler suffisamment, et de me
détendre 5 à10mn pour mieux repartir. Mes calculs m’indiquent donc une allure
de 27km/h sur piste pour un arrêt toutes les 2H. D’autant plus que cette année,
j’anticipe sur les douleurs occasionnées par la selle et par la position
continue durant 24H. J’emmène donc avec moi 3 tenues de cyclisme, afin de
garder souvent des vêtements secs. Aussi, j’applique des bandes de kinésiologie
sur les genoux et dans le dos.
Il est
15H45, ma vitesse moyenne est actuellement de 35km/h, beaucoup plus rapide que
prévu, mais dans le peloton je ne sens pas trop la fatigue. La météo est
similaire aux 24H 2012, un peu de grisaille, beaucoup de vent, mais pas de
pluie sur le premier tour de cadran. A mon sens, avec autant de vélos en piste,
le plus menaçant reste le vent. Chacun cherchant la roue de son voisin pour
limiter son effort, les roues parfois se frôlent.
16H, chute
au S bleu. Ce virage traverse le vent d’est en ouest, avec une phase de vent de
face, ainsi, le peloton se déporte sur la gauche en entrée, en derrière au
milieu du S, puis sur la droite en sortie, c’est un joli chassé croisé. Mais
dans cette manœuvre, face à une rafale de vent, je touche la roue arrière de
mon prédécesseur, ensuite tout va très vite et je me fais heurter, tombant au
sol, avec le vélo me succédant.
Le choc est
assez violent, le casque se fend en deux parties (acheté la veille…), la roue
semble à la perpendiculaire du guidon (ou l’inverse ?), les cocottes se
disent bonjour, les commandes de freins et vitesses sont lourdement endommagés,
la pédale gauche est tordue, le dérailleur légèrement tordu également, les vêtements
déchirés… Les 2 cyclistes ayant chuté avec moi repartent, moi je ne sais même pas encore si je suis ok, mon corps vibre encore de l'impact, je saigne sur la hanche, à l'épaule, dans le cou, mon casque est fendu en deux, pendant quelques minutes, le moral aussi est
détruit, je pense que c'est déjà fini… Puis je repense aux efforts accomplis ces derniers temps, à ces heures
d’entrainements, a cet investissement aussi bien personnel que financier, aux
sacrifices effectués pour mon hygiène de vie ces dernières semaines ! Ai-je
fait tout cela en vain ???
Je me
relève, je check mon corps de bas en haut, je détords le guidon et la fourche
autant que je le peux, l’assistance me récupère au même moment, m’aidant à
finir la distance aux stands.
Dans un même
temps, en marchant jusqu’au stand 54, je me remémore ces nombreuses courses de
24H que je suis venu voir tous ces mois je juin dans la Sarthe. Je me remémore
toutes ces remontées effectuées sur la totalité de la course ! Il est
16H15 Romain, la course se termine dans 22H45 !!!
Je laisse
mon vélo chez mondovélo (que je remercie gracieusement), ils m’informent que
les pièces leur manquent, et que les réparations ne seront que ponctuelles… Ok
leur dis-je, ça me va comme cela, je suis seul et la montre tourne. En
attendant le PC sécurité vient à mon stand faire quelques check sur mon état de
santé… Après les check « Monsieur vous devriez voir un docteur », « c’est
hors de question, je suis seul et j’ai déjà perdu 1 heure, la montre ne m’attendra
pas, et personne ne roulera pour moi », ainsi je poursuis sans l’accord du
médecin. Les secouristes ayant été aux petits soins avec moi, le seront encore
pour le reste de ma participation, en m’encourageant à chacun de mes passages,
je ne peux pas cacher que ça remonte un peu le moral…
17H, je
repars avec la hargne et l’envie d’aller au bout, le premier tour de reprise
est dure ! Les jambes me lancent, l’épaule me fait mal, le vélo grince, la
pédale gauche à du jeu et je dois pousser dans l’axe pour ne pas déchausser…
18H, en
sortant des stands une heure auparavant, je pensais repartir pour un relais de
2H… que nenni ! Dans la montée du Dunlop, le cycliste juste devant moi casse
sa chaine ! Je roule dessus, PAF le pneu arrière ! Je ne suis pas
très loin des stands, j’y descends à contresens (je ne sais pas si c’est
autorisé…. ^^), mais j’avais flairé la crevaison cette année, je change donc
directement une jante de rechange avec un pneu déjà monté :p ! J’en
profite pour ravitailler un peu, en me disant que je vais cette fois ci
repartir pour 2H…
19H, depuis
la chute, avec les cocottes, les commandes 105 et le dérailleur endommagé, les
vitesses ne passent pas toujours aussi bien, parfois elles passent même toutes
seules… Il fallait donc bien que cela finisse par dérailler !! Je
déraillerais une premières fois devant les stands, une seconde dans le Dunlop.
Ainsi je me dis, tant pis, je roule maintenant uniquement sur le grand plateau !
20H il fait
frais, je décide de rentrer changer de tenue, histoire de ne pas en plus choper
la crève, j’en profite pour remonter ma paire de Mavic Sys-R (ayant monté les
Aksiums sur la crevaison), remplir les gourdes, et c’est repartit ! Je
repars en trombe, j’essaye de ne jamais m’arrêter très longtemps, car j’ai peur
de ne pas pouvoir repartir à froid avec mes blessures.
22H, j’avais
pourtant dit que je ne repasserais pas le petit plateau !!! Il a fallu d’une
fois de plus, une fois de trop, dans la montée du Dunlop, un clic sur la
commande de gauche, la chaine déraille, s’emballe, s’enroule entre le petit
plateau et le cadre, et se bloque !!! Je me démène avec mes doigts, jusqu’à
en saigner, impossible de la bouger ! Un mec de l’assistance arrive, même
constat : Ok je te ramène au stand. Dans la manœuvre j’ai le droit à un
tour complet en voiture :D, faible compensation… J’aurais préféré l’Audi
qui tourne autour de nous !
Arrivé au
stand je me presse devant Shimano, mais du monde attends devant moi… Je m’impose
de façon un peu impolie, expliquant que je suis solo et que je ne veux pas
laisser le temps défilé, mais le staff fait la sourde oreille, bon, je peux
comprendre… Mon tour arrive (30mn depuis le déraillement…) la chaine est
effectivement « bloqué », obligation de démonter le bloc pédalier
pour la libérer ! Bloqué pour bloqué, j’en profite pour manger quelques
pâtes et un steak de soja, je récupère mon vélo, il est 23H, je repars pour…
Aussi long que je peux, car j’ai perdu trop de temps (encore une fois).
23H, la
relance est dure, une heure d’arrêt complet, les blessures se sont clairement
faites ressentir à la reprise ! Crampe dans le mollet gauche (hyper
extension du mollet lors de la chute, car je suis resté bloqué dans le cale
pied gauche…), inflammation de toute la jambe droite (car je suis tombé du coté
droit). Il faut que je me réchauffe me dis je, prends un bon paquet, et mouline !
C’est ce que
je fais, sans pour autant mettre mon cœur en zone rouge, je mouline, 8mn de
moyenne au tour, c’est 1mn de moins qu’avant mon crash, mais je me ménage pour
aller au bout.
1H du matin,
après une remontée de la 55ème à la 32ème place solo, ma
jambe droite me lance soudainement de grands douleurs inflammatoire du mollet
jusqu’à la hanche…
Je baisse le
rythme, j’essaye un tour, deux tour, de plus en plus lentement, le 3ème
sera le tour de la réflexion, de la rédemption…
Que dois-je
faire maintenant ? Arrêter ? Non ? Mais si je continue, qu’est
ce que je risque ? Qu’ai-je à me prouver pour aller si loin, et peut être
trainer une blessure sur la saison à venir ? Tu as déjà fini le Mans
Romain ! Tu es loin de ton objectif mais, tu reviendras plus fort la
prochaine fois, après tout, tu as essayé malgré tout ce qui s’opposait à toi
cette année… C’est ce que me dit ma conscience.
Il est 1H30
du matin, je suis rentré au stand, je n’ai roulé que 234km, la moitié de l'an passé… Et je dois déclarer
forfait suite aux blessures…
J’aimerais
remercier mon père, présent pour me supporter, les stands Mondovélo et Shimano
pour leur assistance, l’accueil du stand 54, le PS secours du Dunlop venu à mon
stand, les enfants que je ne connaissais pas et qui m’encourageaient dans le
Dunlop ; et toute l’équipe de CGO.
Les quelques photos Maindru
Les données GPS Bryton
http://www.brytonsport.com/mapTrackView?id=4116563
Et bientôt quelques prises de la GoPro ;)
Notamment le crash...