Arrivée le vendredi après-midi au camping, déjà beaucoup de monde déjà en place: des professionnels, semi pro ou encore des amateurs, cela parle plusieurs langues européennes; parait il que nous avons même eu une équipe australienne !
Vendredi soir, récolte des dossards et puces de chronométrage.
Suivi d'une grosse nuit pour attaquer ces deux tours d'horloges seul face à la montre.
Samedi matin, tout le monde se prépare: ça discute stratégies ça et là, je plaisante avec mes voisins de camping en leur expliquant que je n'avais pas à disputer mes choix stratégiques avec mes coéquipiers... Je roule seul !
Tout le monde se prépare des pâtes pour les heures à venir, boissons isotoniques, gel d'énergie...
Ensuite tout va très vite, il faut ramener le vélo au stand, prendre ses quartiers dans le box, est ce que j'ai bien préparé mes gourdes, est ce que j'ai bien mis mon transpondeur, mon dossard ? Tu te poses trop de question Romain, tu es déjà en retard sur la grille de départ, et pour la peine, tu partiras dernier des derniers !
14h40, je reste 15mn à sympathiser avec 3 anglais qui sont venus ensemble mais ont décidés de faire 24h solo plutôt que de constituer une équipe. Quand je leur demande pourquoi, la réponse leur paraît évidente "because we re British".
Je chanterais "God save the Queen" avec eux, et ils suivront l'air de la "Marseillaise" avec moi.
14h57, départ annoncé dans 3mn toujours avec ces mythiques thèmes de décompte des 24H du Mans.
14h59, coup d'œil à ma montre, un à mon père tenant mon vélo à quelques mètres de moi, juste en face.
Mon pied bien derrière la ligne blanche, surtout ne tombe pas en courant, et ne chute pas au premier tour.
Le départ est donné, je suis dernier... Pas pour longtemps, l'excitation du départ me donne des ailes, ou plutôt des jambes. Je donne de grands coups de pédales et grapille les cyclistes par dizaines. L'envie est là, mais la réussite en est toute autre, mon manque d'expérience en peloton se paye cash a cause des 60km/h de vent annoncé, je n'arrive pas toujours à trouver place dans le peloton et lorsque je ramasse le vent de face, c'est un peloton entier qui m'efface...
Je comprendrais vite que l'ambiance bon enfant qui régnait jusqu'à présent, laisse place à un monde de requins, où chacun défend sa place, ne laissant aucune marge de manoeuvre à ses adversaires... Dure loi du sport, il me faudra quelques heures avant de réussir à prendre mes marques dans ce peloton éclaté de plus de 450 personnes.
18H.... Je roule encore, je n'ai bu que la moitié de mon eau... Je continue ! Est ce le bon choix ? A ce moment là je le crois, puisque je ne fait que remonter. A vrai dire, ma plus grande expérience solo avant ces 24H, était une 12H de vélo reliant Québec à Montréal (300km). Je pars de cette expérience, pensant pouvoir la renouveler 2 fois consécutivement.
20H45: 1er arrêt ravitaillement au stand, 7mn seulement, je suis à cet instant 21eme sur les 68 solos de l'épreuve, je suis encore en jambe, je commence secrètement à penser à un top 15, mais l'épreuve est longue, j'ignore tout de la suite, sur ces pensées je repars... à l'attaque !
00h00: 2ème arrêt, et 1er coup de bar, mes chronos commencent à descendre d'une minute au tour, c'est pourquoi je décide de me reposer un peu. Avant cette pause sera mon meilleur classement, 17ème des solos, et environ 300 des 460 du classement général. Après 1H d'arrêt cette fois ci, je repartirais pour un relais de 3h, qui commencera à m'annoncer mes limites...
03H00: 3ème arrêt, un peu prématuré, un mal au ventre suivi d'une diarrhée me saisit, je ne comprendrais que plus tard que je fait un début de gastro... Mais queneni, un petit mal de ventre ne m'empêchera pas de repartir.
04h30: Après une faible série de tours, je ressent les limites de mon corps, non pas musculaire, mais bien des blocages au niveau du dos, et des fortes irritations au niveau de la selle, comme je n'en avais jamais eu auparavant.
Ces dernières auront raison de moi, je retente de partir plusieurs fois pour des petits relais, en vain, je ne peux plus m'asseoir...
6H00: Changement de stratégie: après avoir dégringolé à la 25eme place (et je n'ai pas fini de tomber) je décide de faire des petits relais de moins d'une heure de roulage (suivi d'un temps de pause équivalent), ou je serais à 75% debout sur le vélo, puisque la douleur de la selle est maintenant insupportable. Cette stratégie marchera un temps mais me donnera de vilaines crampes aux deux fesses...
10H00, me voilà maintenant confronté à un choix Cornélien: La douleur de la selle m'impose de me lever du vélo, les crampes aux fesses m'ordonnent de m'asseoir sur la selle...
Je commence à comprendre que mon corps supporte de moins en moins l'épreuve et que je ne pourrais aller au bout dans ces conditions. Souhaitant à tout prix franchir la ligne d'arrivée coûte que coûte, je ferais le choix, à la fois lâche et réfléchis, de faire une pause de 3h avant la fin de l'épreuve. Bien que je n'aurais guère dormis plus d'une seconde durant la totalité de l'épreuve, ce petit break me permet de recouvrer des forces.
14h40: Je pars donc pour un ultime relais, un baroud d'honneur dans lequel je suivrai le peloton de tête, oubliant momentanément la douleur, le sprint final me transcende, je réalise mon meilleur tour sur l'avant dernier tour de course, un peu frustrant en soi, mais j'en suis tout de même content.
15h00: Lever du drapeau à damier (enfin !), avec un dernier sprint final sur la ligne, plus pour le fun que le résultat car je suis bien loin derrière eux au classement général.
Mes chiffres:
Distance parcourue: 451.8km
Temps sur lé vélo: 16H09
Vitesse Moyenne: 28.5km/h
Vitesse Max: 60.9km/H1
Tour le plus rapide: 7mn08s (35.4km/h)
Position départ: 68/68
Meilleure position: 17/68 (00H00)
Position finale: 38/68
Mon sentiment d'après course:
Bien entendu content d'avoir participé, mais déçu de ma performance qui n'est pas à la hauteur de ce que je projetais pour cette épreuve. Mon objectif minimum de 500km n'a pas été atteint, et donc de ce fait, mon objectif théorique maximum de 700km est encore plus loin. Pourtant aux premières 12H je réalise 350km.
Ce qui est frustrant est de ne pas avoir réussi à gérer la douleur et l'effort sur la totalité de l'épreuve, puisque 75% de ma performance s'effectue durant le premier tour d'horloge.
Au moins je me serais fait plaisir avec de forts groupes en peloton, à attaquer comme un damné quitte à me cramer un peu. Je prenais bien plus de plaisir à pédaler ainsi.
J'ai compris en ce week end que j'étais encore loin des professionnels, mais que le fond était là. Ma grande force fut dans les virages, ou je n'hésite pas à attaquer, un reste de pulsions du sport automobile que j'ai pu pratiquer sur le circuit :)
A ne pas refaire:
Le camelback était une bonne idée pour effectuer un premier relais long, mais il représente un poids supplémentaire sur le vélo, on peut s'en débarrasser quand la nuit approche car il fait moins soif.
Fini les boissons isotoniques en abondance, a force d'en user, elle me donnait envie de vomir.
L'eau plate, il n'y a rien de mieux !
Suivre la tête de course (même si c'est transcendant, c'est surtout à long terme, épuisant).
Quoi qu'il en soit, ce fut une belle expérience qui m'invite à réessayer l'année suivante avant de partir pour mon projet de tour du monde.
L'article sera bientôt mis à jour avec quelques photos et vidéos supplémentaires.
Je comprendrais vite que l'ambiance bon enfant qui régnait jusqu'à présent, laisse place à un monde de requins, où chacun défend sa place, ne laissant aucune marge de manoeuvre à ses adversaires... Dure loi du sport, il me faudra quelques heures avant de réussir à prendre mes marques dans ce peloton éclaté de plus de 450 personnes.
18H.... Je roule encore, je n'ai bu que la moitié de mon eau... Je continue ! Est ce le bon choix ? A ce moment là je le crois, puisque je ne fait que remonter. A vrai dire, ma plus grande expérience solo avant ces 24H, était une 12H de vélo reliant Québec à Montréal (300km). Je pars de cette expérience, pensant pouvoir la renouveler 2 fois consécutivement.
20H45: 1er arrêt ravitaillement au stand, 7mn seulement, je suis à cet instant 21eme sur les 68 solos de l'épreuve, je suis encore en jambe, je commence secrètement à penser à un top 15, mais l'épreuve est longue, j'ignore tout de la suite, sur ces pensées je repars... à l'attaque !
00h00: 2ème arrêt, et 1er coup de bar, mes chronos commencent à descendre d'une minute au tour, c'est pourquoi je décide de me reposer un peu. Avant cette pause sera mon meilleur classement, 17ème des solos, et environ 300 des 460 du classement général. Après 1H d'arrêt cette fois ci, je repartirais pour un relais de 3h, qui commencera à m'annoncer mes limites...
03H00: 3ème arrêt, un peu prématuré, un mal au ventre suivi d'une diarrhée me saisit, je ne comprendrais que plus tard que je fait un début de gastro... Mais queneni, un petit mal de ventre ne m'empêchera pas de repartir.
04h30: Après une faible série de tours, je ressent les limites de mon corps, non pas musculaire, mais bien des blocages au niveau du dos, et des fortes irritations au niveau de la selle, comme je n'en avais jamais eu auparavant.
Ces dernières auront raison de moi, je retente de partir plusieurs fois pour des petits relais, en vain, je ne peux plus m'asseoir...
6H00: Changement de stratégie: après avoir dégringolé à la 25eme place (et je n'ai pas fini de tomber) je décide de faire des petits relais de moins d'une heure de roulage (suivi d'un temps de pause équivalent), ou je serais à 75% debout sur le vélo, puisque la douleur de la selle est maintenant insupportable. Cette stratégie marchera un temps mais me donnera de vilaines crampes aux deux fesses...
10H00, me voilà maintenant confronté à un choix Cornélien: La douleur de la selle m'impose de me lever du vélo, les crampes aux fesses m'ordonnent de m'asseoir sur la selle...
Je commence à comprendre que mon corps supporte de moins en moins l'épreuve et que je ne pourrais aller au bout dans ces conditions. Souhaitant à tout prix franchir la ligne d'arrivée coûte que coûte, je ferais le choix, à la fois lâche et réfléchis, de faire une pause de 3h avant la fin de l'épreuve. Bien que je n'aurais guère dormis plus d'une seconde durant la totalité de l'épreuve, ce petit break me permet de recouvrer des forces.
14h40: Je pars donc pour un ultime relais, un baroud d'honneur dans lequel je suivrai le peloton de tête, oubliant momentanément la douleur, le sprint final me transcende, je réalise mon meilleur tour sur l'avant dernier tour de course, un peu frustrant en soi, mais j'en suis tout de même content.
15h00: Lever du drapeau à damier (enfin !), avec un dernier sprint final sur la ligne, plus pour le fun que le résultat car je suis bien loin derrière eux au classement général.
Mes chiffres:
Distance parcourue: 451.8km
Temps sur lé vélo: 16H09
Vitesse Moyenne: 28.5km/h
Vitesse Max: 60.9km/H1
Tour le plus rapide: 7mn08s (35.4km/h)
Position départ: 68/68
Meilleure position: 17/68 (00H00)
Position finale: 38/68
Mon sentiment d'après course:
Bien entendu content d'avoir participé, mais déçu de ma performance qui n'est pas à la hauteur de ce que je projetais pour cette épreuve. Mon objectif minimum de 500km n'a pas été atteint, et donc de ce fait, mon objectif théorique maximum de 700km est encore plus loin. Pourtant aux premières 12H je réalise 350km.
Ce qui est frustrant est de ne pas avoir réussi à gérer la douleur et l'effort sur la totalité de l'épreuve, puisque 75% de ma performance s'effectue durant le premier tour d'horloge.
Au moins je me serais fait plaisir avec de forts groupes en peloton, à attaquer comme un damné quitte à me cramer un peu. Je prenais bien plus de plaisir à pédaler ainsi.
J'ai compris en ce week end que j'étais encore loin des professionnels, mais que le fond était là. Ma grande force fut dans les virages, ou je n'hésite pas à attaquer, un reste de pulsions du sport automobile que j'ai pu pratiquer sur le circuit :)
A ne pas refaire:
Le camelback était une bonne idée pour effectuer un premier relais long, mais il représente un poids supplémentaire sur le vélo, on peut s'en débarrasser quand la nuit approche car il fait moins soif.
Fini les boissons isotoniques en abondance, a force d'en user, elle me donnait envie de vomir.
L'eau plate, il n'y a rien de mieux !
Suivre la tête de course (même si c'est transcendant, c'est surtout à long terme, épuisant).
L'article sera bientôt mis à jour avec quelques photos et vidéos supplémentaires.
bonjour et bravo !
RépondreSupprimersi vous le souhaitez nous pouvons diffuser quelques photos de 24h sur bonjourvelo.com
encore bravo !
Merci; pour les photos c'est avec plaisir ;)
RépondreSupprimerBravo et merci pour ce compte rendu Romain.
RépondreSupprimerComme tu le souligne, au moins, tu auras franchis la ligne d'arrivée sous le drapeau à damier, sans blessure majeure...
Ayant participé pour la première fois cette année à une cyclosportive - et pas n'importe laquelle que les 24 heures du Mans vélo n'est-ce pas, avec à peine 1000 km dans les pattes - nous étions en éuipe de 8 roulant 3 fois une heure chacun toutes les 8 heures.
Quelle admiration à chaque fois que j'ai pu dépasser un solo. Et très souvent effectivement en solo, pas en gruppetto de solo. Comme tu le soulignes, il n'était pas évident de trouver un groupe à son niveau pour rouler... si tu ne faisais pas parti des cadors pro/semi pro, il ne falait pas espérer jouer la carte des relais. Par contre, le suçage de roue, y allait gaiement. Pour ma part, j'ai toujours pris soin de rendre la pareille aux solo et duo en leur proposant ma roue au moment des relances. J'ai trouve celà bien dommage.
Si pour ta part tu as trouvé longues ces 24 heures, pour ma part 3 heures à rouler (sans compter les heures de home trainer avant et après, ça fait court) en 24 heure, j'ai trouvé ça bien trop court, surtout lorsque l'on franchi les portes de l'arène. Ainsi je reviendrai l'année prochaine en équipe de 4 et puis en 2014 en duo ou en solo en ayant bien préparé tout celà. D'ailleurs si à l'occase du veux bien te prêter au jeu des conseils concernant la logistique que tu avais derrière, celà me turlpine.
Au plaisir et félicitation encore!!!
On se reverra l'année prochaine, je compte revenir en équipe de 4 aussi, mais je suis aussi tenté de le refaire seul... L'année suivante peut être. De toutes façons, gagner le mans en solo est écrit sur la liste des choses a faire avant de mourir :D
SupprimerQuestion logistique je suis tout ouïe, si c'est une question sur les relais, je partais dans l'objectifs de relais de 6h, ce qui correspond à ma sortie mensuelle de 200km, mais penser pouvoir le réitérer 4 fois de suite était une erreur...
La préparation sera plus sérieuse l'année prochaine ;)
Et merci pour ta roue, j'ai surement due la prendre une fois au moins ;)